Réponse de l’association Paillé Alert ! à l’article paru dans l’Angérien libre du 27 juillet 2012
(Vous pouvez lire l'article dans la rubrique Revue de Presse)
Projet d’incinérateur de déchets de PAILLÉ (17470)
Une nouvelle usine d’incinération ? Une proposition qui n’a rien de cohérent !
Dans
cet article, les partisans de l’incinération présentent en effet, la
proposition de la commission consultative d’élaboration du plan
départemental d’élimination des déchets ménagers et assimilés, de
construire une nouvelle usine d’incinération de déchets en lieu et place
de celle existante sur la commune de Paillé, comme étant une
proposition cohérente et responsable. Examinons plus attentivement la
cohérence invoquée.
Le
premier argument : « le nouveau plan permettra de réduire la masse de
déchets à traiter de 455 000 tonnes actuellement à 272 000 tonnes en
2025 ». Bien qu’aucune explication ne soit fournie sur les modalités de
cette réduction et les moyens prévus pour y parvenir, acceptons en
l’augure. Mais alors une nouvelle usine d’incinération est-elle bien
nécessaire ? Quels sont les déchets destinés à être incinérés ?
Second
argument avancé : « il est indispensable de se doter d’un nouvel outil
performant qui sera capable d’évoluer et de s’adapter aux nouvelles
normes et aux nouveaux outils de contrôle ». S’il est un outil de
traitement des déchets qui s’est révélé être particulièrement bloquant
en termes d’évolution de quantités ou d’amélioration de performances
c’est bien l’incinérateur. La preuve en est que l’usine de Paillé n’est
toujours pas conforme aux dernières dispositions réglementaires qui lui
sont applicables. Pourquoi l’incinérateur actuel ne s’est-il pas adapté
aux normes actuelles ?
Que
représentent les normes fixées par la réglementation ? Bien évidemment
elles ne traduisent pas les valeurs limites de toxicité des émissions
mais le résultat de compromis entre les possibilités technologiques et
les coûts. Est ce que l’exploitant, le président du SMICTOM, les
représentants du corps médical siégeant au SMICTOM peuvent garantir
publiquement que le respect des valeurs limites de rejet assure la
population riveraine de l’absence totale de risque pour la santé ? Si
les valeurs limites de rejet évoluent à la baisse, il ne faut pas
oublier que les valeurs toxicologiques de référence font de même sur la
base de constats d’impacts sanitaires.
Troisième
argument massif pour le président du SMICTOM « aucune autre technologie
en matière de traitement des déchets n’a pour l’instant fait ses
preuves ». Cet argument est affligeant tant il est inexact. Certes, tout
un chacun ne peut être spécialiste du traitement des déchets mais il
est toujours possible de s’informer, d’écouter et d’entendre les
arguments. Des solutions alternatives existent bel et bien : la
méthanisation et le tri sélectif (pourvoyeur d’emplois) par ex. La
Région s’engage en ce sens à THOUARS (voir la dernière newsletter).
Monsieur
le président du SMICTOM « milite pour l’incinérateur dont l’activité
est très encadrée ». Une telle phrase est le comble de la langue de bois
lorsque l’on sait que depuis des années l’usine d’incinération de
Paillé n’est pas conforme aux dispositions réglementaires nationales
applicables à ce type de traitement et que, de plus, elle ne respecte
pas les valeurs limites de rejet à l’atmosphère figurant dans son arrêté
d’autorisation (voir le dossier d’information au public cosigné de
l’exploitant et du SMICTOM pour l’année 2011). Il ne suffit pas de faire
des mesures si ces mesures mettent en évidence des dépassements des
valeurs limites fixées par l’arrêté d’autorisation et qu’aucune action
n’est alors engagée. Qu’attendent les représentants de l’Etat dans le
département pour mettre fin à une telle situation ? Nous avons alerté en
ce sens Mme ABOLLIVIER, Préfète de Charente Maritime par un courrier
très précis et très circonstancié, en date du 4 juillet 2012, fondé sur
les chiffres officiels donnés par l’exploitant, et qui est à ce jour
resté sans réponse.
Force est de constater que l’allusion à la cohérence de ce projet n’est qu’un miroir aux alouettes.
Et
puis l’ultime argument, cité dans cet article : le syndrome NIMBY
(acronyme de Not In My Back-Yard please, ce qui donne en français : pas
dans mon arrière-cour s’il vous plaît). Restons sérieux messieurs les
représentants du SMICTOM. Vous n’avez décidément rien compris à la
motivation de notre opposition à l’incinération. Nous ne voulons pas
d’incinérateur ni à Paillé ni ailleurs pour les raisons qui ont déjà été
développées précédemment et notamment le fait qu’un incinérateur
produit plus de déchets qu’il n’en traite (en prenant en compte le
rejets gazeux) et que ces rejets atmosphériques présentent des risques
pour la santé humaine.
Enfin
que dire des déclarations du président de la CDC d’Aulnay qui affirme
que « ce nouvel incinérateur répond à une demande et s’inscrit dans la
continuité de notre volonté de créer un parc d’activités économiques sur
ce site. Je rappelle que nous devrions accueillir une serre géante pour
la production de tomates à proximité de l’incinérateur et créer 120
emplois».
Rappelons qu’un
incinérateur pour son fonctionnement est d’abord consommateur
d’énergie : 2361 MW électriques consommés en 2011 auxquels il faut
ajouter les 14 m3 de fuel. A l’énergie, ajoutons la consommation d’eau
et de réactifs pour le traitement des fumées. Avant de parler de
valorisation thermique des déchets, il serait souhaitable de faire le
bilan production/ consommation.
La
construction d’une serre géante pour la culture de tomates,
fussent-elles de variétés anciennes, apparaît comme une aberration qui
va à l’encontre du développement d’une agriculture durable prônée par
l’Etat. Mais cette option est tout à fait dans la ligne de
l’incinération. Si l’incinérateur ne libérait pas assez de gaz à effet
de serre, ce type de culture associé aux transports induits viendrait
fort à propos compléter les émissions.
Pour
terminer sachez que nous sommes particulièrement flattés d’avoir
entendu les propos de certains responsables en charge de ce dossier qui
situent l’incinérateur actuel «au milieu de nulle part» pour reprendre
leur expression (merci au passage pour ceux qui habitent « au milieu de
nulle part »…) Encore une preuve de cohérence : vouloir développer un
parc d’activités économiques «au milieu de nulle part »… Cela va
vraiment dans le sens de réduction des déplacements figurant dans la
plupart des plans climat !
Pour de plus amples renseignements n’hésitez pas à consulter notre site : http://paille-alert.blogspot.fr/
L’association Paillé Alert !